Communiqué de presse FSU Alsace “Rentrée scolaire : improvisation et légèreté du ministère”

Strasbourg, le 30 octobre 2020

Communiqué de presse FSU Alsace

Rentrée scolaire : improvisation et légèreté du ministère

Une fois de plus, une fois de trop, le gouvernement montre son peu de considération pour l’Éducation nationale, ses personnels et ses élèves. Dès le mois de juin, la FSU a alerté sur la nécessité de préparer une rentrée exceptionnelle. Il fallait sécuriser, protéger et prévenir une deuxième vague. Au mépris de ces considérations et des recommandations de bon nombre de scientifiques, le ministre a fait le choix d’alléger le protocole sanitaire pour la rentrée, ce qui a favorisé la circulation du virus dans les collèges, lycées et CIO. Il porte une lourde responsabilité dans la dégradation de la situation actuelle. En octobre, alors que les indicateurs montraient une plus grande circulation du virus dans les établissements scolaires, la FSU a exigé un renforcement du protocole sanitaire, balayé d’un revers de la main par le ministre, le gouvernement osant parler d’une rentrée réussie ! De même la demande de créations de postes d’enseignant.es afin d’alléger les effectifs des classes a été écartée par l’exécutif, le président Macron estimant que c’est “ce genre de création d’emplois qui vont aggraver le déficit et ne servent pas à redresser le pays”. Les personnels ont beaucoup donné depuis la rentrée, ont tenu le service public d’Éducation, seuls, avec des masques suspects, ont fait face à des informations contradictoires, à l’absence de transparence sur les cas de contamination. Maintenant cela suffit !

Aujourd’hui alors que, selon les propres mots du président de la République, la deuxième vague de l’épidémie s’annonce pire que la première, l’incurie du gouvernement est insupportable. Le nouveau protocole prescrit le respect des principes de non-brassage des élèves et de distanciation physique “dans la mesure possible”. Or ces mesures sont impossibles à appliquer. Comment prétendre que l’on peut appliquer la distanciation physique dans des classes chargées, comment éviter le brassage dans les cantines, internats et transports si tous les élèves sont présents en même temps dans les écoles, collèges et lycées (où le groupe classe a quasi disparu du fait de l’application de la réforme du lycée) ? Quelles dispositions pour protéger les personnels vulnérables ? Qu’a-t-on fait pour équiper élèves et personnels en matériel informatique ?

Soucieux de la continuité du service public d’éducation, essentiel aux élèves, particulièrement les plus fragiles, la FSU n’a cessé d’alerter et de proposer. Aujourd’hui, la FSU rappelle ses exigences pour une rentrée sécurisée : passage d’un fonctionnement en classe entière à un fonctionnement en groupes allégés, recrutements de personnels enseignants, d’AED mais aussi d’agents territoriaux (pour assurer un nettoyage et une désinfection des salles), réorganisation de la demi-pension pour limiter le brassage des élèves, nouvelles modalités d’aération des salles. La mise en place de ces mesures demande un minimum de temps, c’est pourquoi la FSU demande le report de la rentrée des élèves au mardi 3 novembre. Les équipes enseignantes doivent pourvoir bénéficier de ce temps, tant pour appliquer le protocole sanitaire que pour rendre hommage à leur collègue assassiné. Des mesures doivent aussi être prises sur le plan pédagogique parmi lesquelles l’allègement des programmes et un nouveau calendrier du bac (report des EC1 et des épreuves de spécialité en juin).

Par ailleurs, le jour de carence doit être suspendu immédiatement : il est inacceptable que les personnels payent le prix d’être malade !

A l’Université l’ensemble des personnels enseignants ont dépensé beaucoup d’énergie depuis deux mois à mettre en place la rentrée universitaire avec des directives qui n’ont cessé d’évoluer au fil des semaines. Ils ont dû s’adapter dans l’urgence, parfois du jour au lendemain, pour mettre en œuvre les injonctions ministérielles successives. Les effectifs ont été réduits, les gestes barrières respectés, l’organisation s’est mise en place non sans mal malgré le manque d’anticipation des autorités de tutelle et le manque cruel de moyens. Aujourd’hui la reprise des cours pour tous les TP, le maintien de tous les examens et le fonctionnement des laboratoires sont à organiser pour le 2 novembre, c’est-à-dire en un jour ouvré. De qui se moque-t-on ? La liste des formations qui pourront ouvrir ne sont pas même établies. Dans le supérieur comme ailleurs l’improvisation continue. Or il convient à tout prix d’éviter que ne se reproduisent les fortes inégalités liées aux conditions sociales et aux inégalités numériques constatées lors du premier confinement avec les évaluations à distance. Tout doit être mis en œuvre dès maintenant pour organiser les enseignements et les examens dans de bonnes conditions. Ceci suppose l’octroi de moyens spécifiques dédiés à la prise en charge des surcoûts occasionnés par la crise sanitaire et le recrutement massif de personnels titulaires pour faire face à la situation.

L’employeur est responsable de la santé et la sécurité des personnels. Des dispositions peuvent être mises en place dès la rentrée. Elles doivent également prévenir une dégradation de la situation sanitaire dans les établissements scolaires telle qu’elle aboutirait au retour à un enseignement à distance qui ne peut être qu’un pis-aller. Si cela n’était pas le cas, la FSU appellera les personnels à se saisir de tous les moyens d’action pour faire valoir leurs droits et assurer leur sécurité. Le gouvernement doit cesser de jouer avec la santé des personnels, des élèves et de leurs familles.

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